L’actualité littéraire de ce début d’année 2022
La première arrivée très attendue de l’année 2022 n’a pas besoin d’être présentée. Sorti le 7 janvier, simultanément avec la France, le nouveau roman-fleuve de Michel Houellebecq, dont nous avons déjà largement parlé dans les pages de notre magazine. Il s’intitule Annihilate et est publié en Italie par La nave di Teseo. Mais à côté de Houellebecq, écrivain français aussi acclamé et aimé que controversé et critiqué, qui n’en est pas moins l’un des plus importants de sa génération, de nombreux auteurs étrangers reviennent ou arrivent pour la première fois sur les rayons de nos librairies au cours de cette année 2022 qui vient de commencer. Examinons certains d’entre eux en particulier.
Grands retours
Commençons par les auteurs les plus appréciés, ceux que nous attendons le plus. L’un d’eux est le nouveau roman de Javier Cercas. Il s’appelle Le Château de Barbe Bleue et sera publié en Italie à la fin du mois de mai, comme toujours chez Guanda, dans une traduction de Bruno Arpaia. Quatorze ans se sont écoulés depuis les événements relatés dans Terra Alta, le premier livre de la série centrée sur Melchor Marín, et maintenant sa fille Cosette a dix-sept ans lorsqu’elle découvre que son père lui a toujours menti sur la mort de sa mère. Furieuse, elle part en vacances à Majorque, et c’est là que sa trace se perd…
En avril 2022, City on Fire de Don Winslow (HarperCollins) sera publié dans le monde entier : une Iliade moderne qui explore les thèmes de la loyauté et de la trahison, de l’honneur et de la corruption, par l’un des plus grands conteurs américains.
Hanya Yanagihara, auteur de Una vita come tante (Sellerio), l’un des livres les plus appréciés de ces dernières années, qui figure encore semaine après semaine dans la liste des meilleures ventes de fiction étrangère, sera de retour en librairie dans quelques jours. Avec Verso il paradiso (Feltrinelli, traduction de Francesco Pacifico), elle nous livre maintenant une œuvre complexe, qui se développe sur plusieurs plans temporels et embrasse trois siècles et trois versions différentes – alternatives – de l’histoire américaine, de 1893 à 2093. « Un roman visionnaire, si stratifié, si riche », selon Michael Cunningham, lauréat du prix Pulitzer, qui « n’est pas seulement rare, il est révolutionnaire« .
Comme toujours, on attend avec impatience le nouveau roman de Sally Rooney, qui sortira en mars, comme ses autres livres chez Einaudi. Avec un titre très fidèle à l’original, Beautiful world, where are you, le troisième roman de l’auteur de Parlarne tra amici et Persone normali, déjà publié en version anglaise en septembre 2021 et immédiatement propulsé au sommet des charts, fait une fois de plus un clin d’œil à la génération millénaire et raconte l’histoire de quatre jeunes Irlandais et de leurs relations grinçantes.
Et en parlant de retours très attendus, Einaudi publie à nouveau avec Tomás Nevinson le nouveau roman Javier Marías, qui est la suite de son Berta Isla et qui suit ici les aventures de Tomás, le mari de Berta, sur fond d’épisodes réels du terrorisme européen. A venir au début du mois de février. Dans Oh, William d’Elizabeth Strout (sorti en mai, toujours avec Einaudi), on retrouve l’héroïne bien-aimée Lucy Barton, qui nous raconte maintenant l’histoire de son premier mari William, leur mariage, la naissance de leurs filles, leur séparation et ce qui reste après la fin d’une histoire d’amour.
A la rentrée, Paul Auster nous offre l’histoire courte et aventureuse de Stephen Crane, enfant prodige de la littérature américaine racontée par un grand conteur.
Toujours en février, le 17 pour être précis, le retour de The Lost Language of Cranes de David Leavitt, un écrivain magistral, » l’un des plus doués de sa génération » comme le définit le New York Times : un livre délicat et tranchant, publié pour la première fois en 1986 et aujourd’hui édité par Sem, qui réédite l’ensemble de l’œuvre de Leavitt, avec une nouvelle traduction.
Et toujours en provenance d’Amérique, Autopsy de Patricia Cornwell marque le retour de l’une des protagonistes les plus appréciées des romans policiers, l’anatomiste Kay Scarpetta : entre rebondissements, haute tension et attention portée aux détails médico-légaux qui ont fait de l’auteur le roman policier le plus vendu et le plus traduit au monde avec plus de cent millions d’exemplaires, publiés en 36 langues. En librairie en février, comme toujours chez Mondadori.
Mais les premiers mois de l’année marquent aussi le retour de Michael Connelly : l’auteur à succès, avec plus de 80 millions d’exemplaires vendus dans le monde à son actif, nous entraîne ici dans une nouvelle enquête qui interagit bien avec l’actualité et les événements qui ont choqué l’opinion publique depuis un an, de la pandémie aux manifestations Black Lives Matter. A partir du 2 février.
Parmi les best-sellers, Camilla Läckberg et Henrik Fexeus arriveront à l’automne avec le deuxième titre de la trilogie à quatre mains qui vient de s’ouvrir. Le livre le plus attendu de l’année par Longanesi est le roman de James Patterson et Dolly Parton, également une œuvre commune : il s’intitule The Nashville Star et sera publié en mai.
Mais il y a aussi deux sorties posthumes parmi les livres les plus attendus pour 2022 : d’une part, nous lirons Legacy of War de Wilbur Smith, décédé en novembre dernier, la suite très attendue de The Courtney War, écrite avec David Churchill et qui sortira en mars chez HarperCollins, et d’autre part, Mondadori sort The Last Secret de John le Carré, qui nous a quittés il y a un an.
Un nouveau Stephn King
Et si, comme toujours, en octobre il y aura un nouveau Stephen King, dont Sperling&Kupfer, la maison d’édition qui le publie en Italie, assure que l’intrigue et le titre sont encore top secret, pour le moment nous pouvons nous contenter de Gwendy’s Last Mission, le dernier chapitre de la trilogie écrite par King avec Richard Chizmar, mettant en scène l’ex-petite amie capable de changer le monde avec une boîte de boutons. Un succès avec plus de 40 000 copies, au sommet des charts. En librairie en février.
Les lauréats du prix Nobel méritent une mention particulière : en février, après le succès de Sulla Riva del mare, avec plus de 20 000 exemplaires en une semaine, La nave di Teseo mettra en librairie le deuxième roman d’Abdulrazak Gurnah, Paradiso, dans une nouvelle et opportune traduction (par Alberto Pezzotta).
De Nobel en Nobel, l’automne verra le retour d’Orhan Pamuk à la grande fresque dont l’écrivain turc s’est révélé le maître avec la sortie des Nuits de la peste (Einaudi) : une puissante allégorie du monde islamique d’aujourd’hui entre modernité et tradition, qui part d’une épidémie de peste sur une île de la Méditerranée orientale au début du XXe siècle et des difficultés religieuses et politiques rencontrées par l’imposition d’une quarantaine indispensable.
Et par le prix Nobel islandais, malheureusement décédé, considéré comme l’un des maîtres du vingtième siècle, Halldór Laxness, dans dix jours Iperborea portera en Italie pour la première fois le roman et grand classique de la littérature nord-européenne Il paradiso ritrovato, encore inédit en Italie.
Enfin, parmi les sorties les plus importantes de 2022, Adelphi met en librairie la préquelle de Vie et destin du grand Vasily Grossman : Stalingrad. Sorti aux États-Unis en 2019, c’est un roman monumental de près de mille pages qui n’avait encore jamais été traduit en anglais. Il arrivera en Italie en avril dans sa version intégrale, sans les coupures imposées à l’origine à l’auteur par la censure soviétique.
A garder sous le coude
Parmi les auteurs à surveiller, il y a certainement lui : Toshikazu Kawaguchi avec le nouvel épisode de l’une des affaires éditoriales les plus sensationnelles de ces dernières années, qui a commencé avec Jusqu’à ce que le café soit chaud, qui est au sommet du hit-parade depuis presque deux ans, après avoir grimpé les hit-parades japonais et anglais.
Parmi les meilleurs livres de 2021 selon le New York Times figure La Maison sur la colline de Gary Shteyngart, publié en mai : humour pandémique et caustique dans un roman qui ne raconte pas des histoires fictives mais la vie réelle des protagonistes et la fragilité de notre époque.